Quand on reçoit des groupes en visite au Château et que l’on commence par se promener dans les vignes, pour découvrir les merlot et cabernet sauvignon qui font l’identité de Bordeaux, la première stupéfaction est de découvrir que la vigne est une plante greffée. Dans les jeunes plantes on s’approche et peut facilement distinguer le bourrelet de greffage, c’est à dire la cicatrice qui réunit la partie aérienne qui est le cépage et la souterraine, le porte-greffe. Mais pourquoi on greffe les vignes au juste ?
On greffe la vigne à cause du phylloxera !
Le phylloxera un insecte et une maladie
Le phylloxéra de la vigne appelé plus précisément Daktulosphaira vitifoliae, est en quelque sorte un puceron ravageur de la vigne, importé des Etats-Unis en France par accident en 1863. Il a détruit en quelques années beaucoup de vignobles en France puis plus tard dans le monde entier, il a donné son nom à la maladie. L’insecte pique les racines de la vigne particulièrement sensibles, apparaissent des nodosités qui s’infectent et provoquent la mort du pied. C’est rapide et catastrophique !
Comment lutter contre le phylloxéra ?
Historiquement on a débuté par une lutte chimique qui s’est avérée pas suffisamment efficace du fait des racines profondes de la vigne. Dans les zones submersibles, il suffit de maintenir les vignes les pieds dans l’eau jusqu’à asphyxie de l’insecte, mais cette méthode n’est pas souvent possible, la plupart des vignobles étant sur des coteaux, et ne correspond pas à un schéma de production qualitatif, en effet le stress hydrique des raisins étant plus souhaitable que l’excès d’eau. La plantation d’hybrides producteurs directs, issus du croisement de cépages qualitatifs avec des cépages résistants a apporté une solution agronomique, mais n’a pas été suivie car les vins produits sont de qualité médiocre. La solution efficace trouvée a été l’apparition du greffage de cépages qualitatifs régionaux sur des porte-greffes résistants, solution qui prévaut encore de nos jours et pour longtemps encore certainement.
Comment greffer la vigne ?
En assemblant un petit morceau de rameau du cépage que l’on veut planter avec un porte greffe qui est un vitis originaire des Etats-Unis inapte à produire des vins de bonne qualité, mais résistant au phylloxera. Cet assemblage consiste à implanter dans les tissus du porte-greffe un bourgeon de cépage choisi, une fois l’opération effectuée on lie les deux fragments éventuellement avec de la paraffine, et on favorise leur cicatrisation.
Il est primordial de bien choisir son pépiniériste viticole !
Le pépiniériste est un partenaire clef d’un Château viticole, il fournit des bébés plants qui vont produire du vin pendant au moins 50 ans, il est important de bien démarrer avec une parcelle de vigne, que l’on plante en principe une seule fois par génération. La préparation du sol avant plantation, son analyse pour choisir le porte greffe le plus adapté, se font en concertation avec le pépiniériste qui détient un savoir précieux à partager avec les viticulteurs. C’est lui qui assure l’assemblage des deux bois dans son entreprise puis s’occupe de surveiller la cicatrisation. Ensuite il plante ces plants greffés chez lui et s’inquiète de leur pousse jusqu’à l’entrée de l’hiver, à la chute des feuilles. A ce moment-là il arrache les plants, vérifie à nouveau leur bon enracinement et pourra alors livrer au viticulteur, des plants viables dont il faudra continuer prendre soin au vignoble. Bien sûr !
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