Alors que se terminent les primeurs à Bordeaux, nos visiteurs en atelier de dégustation nous questionnent sur cet évènement, gustativement difficile à appréhender.
C’est une semaine par an, une seule, on la nomme la semaine des primeurs. Rien à voir avec les vins primeurs qui se commercialisent et se consomment très rapidement après leur élaboration ! Il est question ici des vins récoltés N-1, pas encore aboutis au contraire, en cours d’élevage en barriques, leur mise en bouteille aura lieu dans un an environ.
La semaine des primeurs est un moment dédié au commerce du vin, des grands vins de Bordeaux surtout, et des AOC prestigieuses. Des acheteurs du monde entier et des journalistes viennent prendre la température du millésime, ils vont créer sa réputation, d’elle pourra dépendre le prix des vins au moment de leur commercialisation.
Dans les années 70, le marché des vins de Bordeaux doit se réinventer
L’époque n’est pas au mieux, les vins se vendent peu chers, les négociants et les propriétaires de grands crus classés, par souci de trésorerie lancent la vente en primeur. Elle permet aux consommateurs de réserver du vin pas encore terminé, d’en payer une partie par avance, le reste à la livraison à un prix préférentiel. Ainsi les négociants emmènent leurs clients en propriété, cela se développe au fil des années, jusqu’au jour où le CIVB fixe la semaine des primeurs, en avril. Le phénomène va s’étendre à l’ensemble des appellations, les ODG regroupent les Châteaux adhérents et proposent la dégustation de tous les vins. Une semaine intense !
Peut-on se faire une idée du millésime quand le vin est très jeune ?
Oui, à condition d’être formé à la dégustation du vin !
Une formation à l’œnologie à la dégustation donne les bases pour juger le vin en l’état et pour découvrir ses aptitudes au vieillissement. Ce savoir va se conforter au fil du temps en dégustant régulièrement.
Cela fait partie du métier d’œnologue de se faire une idée du millésime quand le vin est jeune. Dès le moment des vendanges même, quand les raisins rentrent en cuve, il commence à avoir une idée, qui se précise au cours des vinifications.
Pour Monsieur tout le monde, la dégustation en primeur des vins blancs secs n’est pas trop difficile, car les blancs, dès leur jeunesse, sont souvent appréciés.
En rouge c’est différent, nous le voyons régulièrement en atelier de dégustations, les visiteurs n’apprécient jamais les vins de l’année dégusté à la barrique !
Les vins rouges produits à Bordeaux sont de garde, c’est à dire appelés à vieillir au minimum 5 à 7 ans, et bien au delà dans les grands crus, à cause de leur potentiel tannique. Les tannins sont astringents dans leur jeunesse, et les vins peu harmonieux, il faut une certaine culture du vin pour être capable d’apprécier comment ils vont devenir. C’est un exercice très intéressant car il permet de se projeter, à condition d’être formé à cela.
Que dit-on du millésime 2022 ?
Après cette semaine de dégustations tous azimuts les avis convergent, 2022 est un très beau millésime, cela fait plaisir !
Un de plus direz-vous …
Le climat se réchauffe et les vins sont meilleurs sous nos climats, peut-on s’en réjouir ?
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